Cette
rubrique ne fait pas preuve d'exhaustivité. Elle propose
un commencement d'information sur la question des modes
de vies gays et de la prévention VIH/Sida, de la qualité
de vie des séropositifs et des principales recherches menées
sur ces sujets.
Nous
vous rappelons les résultats de l'enquête Presse Gay 2000,
menée par l'équipe de recherche de Philippe Adam (Institut
de veille sanitaire). Voici ci-dessous le résumé proposé
par l'équipe.
Vous
pouvez télécharger la version préliminaire de ce travail
en cliquant sur l'image à côté.
Menée
auprès de 4753 répondants, l'Enquête presse gay 2000
avait pour objectif de dresser un état de la prévention
parmi les homosexuels masculins vivant en France.
Bien
que la plupart des répondants continuent à gérer efficacement
la prévention, des évolutions très nettes - il s'agit
des premières observées depuis 1985 - apparaissent
dans les comportements préventifs.
Par
rapport à la situation observée lors de l'enquête
en 1997, l'utilisation du préservatif pour la pénétration
est plus effective. En 2000, moins fréquente dans
les couples, en particulier séroconcordants négatifs
et, par ailleurs, sérodifférents. De
surcroît, la baisse de la prévention est la plus nette
avec les partenaires occasionnels.
Bien
que visible sur tout le territoire et dans de nombreux
groupes, le relâchement de la prévention avec les
partenaires occasionnels apparaît le plus important
chez Franciliens, chez les jeunes, les multi-partenaires
et, plus encore, parmi les gays séropositifs.
Des
évolutions nettes s'observent également dans la fréquence
des prises de risque : entre 1997 et 2000, les déclarations
de pénétration non protégées isolées ont peu évolué
à la différence des déclarations d'expositions répétées
(voire régulières) au risque.
Certains
gays semblent s'être progressivement habitués à des
expositions au risque répétées et être passés, au
fil du temps, de prises de risque ponctuelles (ou
accidentelles) à des expositions plus fréquentes.
Ce phénomène de banalisation
des comportements de non protection
pourrait entraîner des conséquences importantes en
termes de dynamique de l'épidémie de VIH/Sida comme
le suggère la recrudescence des MTS observée.
Des
facteurs comme le jeune âge, un nombre de partenaires
élevé, la séropositivité, etc. rendent plus complexes
la gestion des risques mais il faut également considérer
d'autres influences. Les dépressions sont fréquentes
parmi les gays.
Les
auteurs concluent qu'au cours des dernières années,
la culture et les pratiques sexuelles des gays se
sont modifiées de même que, sous l'effet des nouveaux
traitements, leurs perceptions du risque de transmission
du VIH. Les
connaissances apportées sur ces divers changements
permettent de formuler des pistes pour orienter la
prévention.
Des
clubs de rencontre gais (Smboy, Qcboy, Monclubgay, Bbackzone) se sont
associés au site Safeboy pour participer à une recherche internationale
qui vise donc à cerner ces usages et leurs répercussions dans la population
homosexuelle mais aussi chez les hommes bisexuels qui sont des utilisateurs
importants des ressources fournies par Internet. Le texte ci-dessous
fait le point sur nos avancements et nos questions en cours.
SITUATION
DES RECHERCHES SUR LE THEME INTERNET ET SEXUALITE GAIE
Depuis
l’apparition du sida, de nombreux travaux de recherche se sont attachés
à dégager les déterminants des conduites à risques, en particulier
sur la population homosexuelle, mettant à jour la complexité des facteurs
psychosociaux, relationnels et environnementaux (liés en particulier
au soutien social) qui interviennent dans les stratégies de risques
(voir Peterson et DiClemente, 2000, pour une revue de ces travaux
aux États-Unis, Schiltz (CAMS/EHESS/CNRS), 1997, Adam, 2001 (Institut
de veille sanitaire) pour la France, les résultats de l'étude de la
cohorte Omega pour le Québec (Leclerc et al., 1999).
On
peut noter cependant que ces recherches tendent à ignorer les impacts
profonds des nouvelles technologies d'information, dans l'analyse
des dimensions écologiques dans lesquelles les acteurs sociaux évoluent,
à la suite de l'introduction d'Internet et de sa rapide diffusion.
Si
la rencontre en face à face fût, très longtemps, le premier atome
de la vie sociale, dans la cité câblée, les citoyens sont raccordés
à un réseau pour un prix modique leur permettant, non seulement d'obtenir
des services couvrant ses besoins, mais d'entrer en relation les un
avec les autres selon un principe de téléprésence, de plus en plus
opérant. Internet se situe, aujourd’hui, dans les premiers rangs des
modes de recherche de partenaires affectifs et sexuels chez les homosexuels
(Noël et al., 1998 ; Otis et al., 2002), remettant partiellement en
cause, chez les jeunes adultes, l’importance du rôle d’initiation
par les plus âgés, initiation qui permettait une transmission des
savoirs sur le VIH/Sida.
Des données récentes, qu’il s’agisse des chiffres publiés par l’Institut
de Veille Sanitaire, ou de ceux de la ligne Azur (Sida Info Service),
montrent, chez ces jeunes gays, des changements significatifs sur
les prises de risque, d’une part, et sur le rapport à l’épidémie de
Sida d’autre part. Ces informations font part d’une augmentation des
déclarations de pénétration anale non protégées et, plus globalement,
une moins bonne assimilation des messages et règles du sexe sécuritaire.
Si
ces prises de risque semblent concerner d’avantage la capitale, que
les régions, peu de recherche ont interrogé les dynamiques et mobilités
liées aux possibilités de rencontre développées par les nouveaux moyens
de communication (impact d’Internet et de la téléphonie sans fil).
Cette
carence empêche donc de saisir, avec précision, les modalités des
usages sociosexuels d'Internet et leurs répercussions sur les identités
sexuelles, l'organisation des réseaux personnels, les pratiques sexuelles
et les logiques préventives face aux MTS et au VIH/sida.
INTERNET : UN NOUVEAU PHÉNOMÈNE SOCIOCULTUREL
Si
la France a déjà connu une première révolution télématique dans les
années 80 par la mise en place du réseau Télétel, l’arrivée d'Internet,
un réseau décentralisé d'ordinateurs permettant l'échange d'informations,
a profondément transformé les modes de communication sociaux en créant
un cyberespace sans frontières qui remplit des fonctions riches et
variées : communiquer, apprendre, explorer et rencontrer.
Après
un début plutôt lent, comparativement à l’Amérique du nord et même
à certains pays de l’union européenne, l'usage d'Internet s'est récemment
accéléré en France, dans des proportions cependant difficilement comparables
à celles du Québec :
passant
de 2 % de la population en 1997 à 36% en 2003, pour la France,
soit à 25,2% de foyers (sources A.F.A & Médiamétrie) ;
et,
pour le Québec, de 24,3% des foyers en 1997 à 54% en 2003 (NETendances,
2003).
Bien
que le fossé entre les sexes tend à se réduire, les études internationales
montrent que le cyberespace est surtout visité régulièrement par des
hommes, qui vivent dans les régions métropolitaines et font partie
de groupes d'âge jeunes, éduqués et provenant des strates les plus
fortunées. Ce profil rejoint celui annoncé par l’enquête gay 2000
(Philippe Adam, 2001) : niveau
d’éducation des répondants élevé (61,5% d’entre ayant effectué des
études universitaires), 71% étant salariés et 9,5% étudiants. Dans
cette enquête, les cadres et professions intellectuelles supérieures
représentent 39% des répondants, suivis par les professions intermédiaires
(29%) et les employés (20%). Les revenus reflètent cette composition
sociale favorisée.
Cependant
il nous faut intégrer deux phénomènes récents, qui obligent, en partie
à dépasser ces cadres d’analyses : d’une part, les usages sociaux
des nouvelles technologies peuvent se transmettre entre usagers, mais
aussi par les programmes gouvernementaux qui incitent et favorisent
le développement et l’apprentissage de ces nouvelles technologies.
Si des inégalités
d’accès et d’usages aux NTIC demeurent encore bien réelles, dans les
entretiens que nous avons réalisés dans notre projet d’initiation,
les interviewés les moins instruits montrent que leur appropriation
de la technologie repose sur des réseaux interpersonnels constitués
au cours des premières utilisation du réseau.
Par
ailleurs, de récents sondages, placés sur les populations, tant française
que québécoise, signalent que, si une frange des usagers d’Internet
fréquente le réseau pour des raisons académiques et liées au travail,
la très grande majorité y adhère pour des raisons plus personnelles,
l'usage, à des fins sexuelles, apparaissant, en effet, comme le premier
ou le second sujet le plus recherché sur Internet (Cooper, 1998; Freeman-Longo
et Blanchard, 1998; Searchterms.com, 1999, In Goodson, McCormick et
Evans, 2000; Lipton, 1996).
CYBERSEXE,
RENCONTRES EN LIGNES ET LEURS EFFETS
Les
recherches, quant à l'usage des sites sexuels sur Internet restent
partagées sur ses répercussions sur la santé mentale et sexuelle.
Nos premiers résultats nous permettent d’avancer qu’après un parcours
initiatique, basé sur la fréquentation des sites pornographiques,
les internautes gays français délaissent rapidement cette phase transitoire
au profit de rencontres plus réelles. L’attrait particulier pour de
nouvelles sexualités peut toutefois les conduire à s’intéresser à
nouveau à des produits érotiques en ligne (galeries de photos, vidéos,
etc.).
Bien
que plusieurs recherches insistent sur la quête compulsive d'expériences
sexuelles, l'abus cybersexuel (Schwartz et Southern, 2000), l'assuétude
cybersexuelle (Schneider, 2000), les problèmes du netsex (Leiblum,
1997) ou la cybersexualité compulsive (Cooper, Scherer, Boies et Gordon,
1999 ; Hospers, Harterink, van den Hoek et al., 2002), il semble que
ces dimensions restent minoritaires parmi les sujets rencontrés. Les
impacts d’Internet suivent donc des processus complexes et dépendraient,
en outre, de l’interaction entre les modalités de la communication
en-ligne, les caractéristiques et les buts recherchés des individus,
groupes ou communautés qui s’y rencontrent (Bargh, 2002 ; Tyler, 2002).
Les
entretiens sociologiques, en cours d’analyse, nous suggèrent que le
réseau Internet est perçu, au travers de catégories mentales communes,
comme un nouvel espace de socialisation où peuvent naître des communautés
virtuelles fondées sur des intérêts ou des expériences communs. Tenant
lieu de support social, facilitant l'expérimentation sexuelle, il
peut aider à l'exploration et au développement identitaires et faciliter
ainsi la rencontre de partenaires, ce qui rejoint les observations
de Cooper, Boies, Maheu et Greenfield (1999).
INTERNET
ET IDENTITÉS SEXUELLES
En
Amérique du nord, où le réseau Transpac (Minitel) n’a pas précédé
la mise en place d’Internet, le média a eu un impact considérable
sur les réseaux gais et lesbiens, transformant les modalités de communication,
de rencontre et d’interaction (Haag et Chang, 1997).
Notre
travail montre que, chez les jeunes gays, le recours à Internet permet
de mieux gérer la stigmatisation ,associée à leur orientation sexuelle
ou à leurs comportements, comme d’améliorer leur bien-être mental
en facilitant le « coming-out ». En effet, pour qui a conscience de
se détacher de la norme ou d’un quelconque étiquetage, imposé par
la communauté homosexuelle, Internet permet de se rattacher à des
« patterns identitaires » partagés par d’autres, avec lesquels il
est alors possible de communiquer. Ces échanges, souvent initialement
anonymes, peuvent réduire les inconforts personnels et permettre aux
individus de progresser, à leur propre rythme, dans le dévoilement
de leur identité (Reynolds (1999; Pryce, 1996; Haag et Chang, 1997;
McKenna et Bargh, 1998). C’est d’ailleurs ce que suggère une étude
australienne (Hillier, Kurdas et Horsley, 2001) qui rapporte que,
pour les jeunes gais, le cyberespace permet de rencontrer d’autres
jeunes dans leur situation (85%), de briser leur isolement (68%),
de trouver de l’information sur la santé sexuelle (66%), du soutien
ou de l’amitié non-virtuelle (62%) et le courage pour faire leur coming-out
dans leur réseau non-virtuel (61%).
Les
résultats d'une étude ethnographique de trois ans d'une communauté,
basée sur un Internet relay Chat (IRC), composée de gays francophones
de la région de Montréal (Latzko-Toth, 1998), a bien montré que, pour
ses membres les plus jeunes, l'IRC a constitué un élément clé dans
l'intégration à la vie gay des grandes villes du Québec, constituant,
pour certains, leur seul lien au réseau gay communautaire. Au milieu
des années 1980, l’éclosion, en France, des rencontres sur Minitel
(messageries roses) avait conduit au même phénomène.
Si
Internet permet de renforcer le lien à une collectivité sexuelle,
il peut aussi permettre, à ceux qui ne souhaitent pas s'identifier
comme gays ou bisexuels en fréquentant le milieu communautaire, de
conserver une position de double jeu entre sexualité et identité sociale.
Ainsi, une étude de Tikkanen et Ross (2000), menée sur les sites de
discussion suédois orientés vers la population homosexuelle, appuie
l'hypothèse que les hommes, qui sont peu impliqués dans la communauté
gaie, participent à Internet de façon significative pour y rencontrer
des partenaires. Cette segmentation homo/bisexuels versus Espaces
communautaires/espaces des réseaux (Minitel-Audiotel) a aussi été
pointé dans les enquêtes « presse gaie » françaises.
L’usage
d'Internet peut donc avoir plusieurs fonctions, au plan de l'expression
de l'identité sexuelle et de l'affiliation à des groupes organisés.
Nous devons, cependant, nous interroger s’il ne s’accompagne pas de
conduites à risques.
INTERNET : NOUVELLES PROTECTIONS IMAGINAIRES OU CULTURE DU RISQUE
?
Plusieurs
recherches ont suggéré que les personnes qui auraient des activités
homosexuelles, dont la sexualité a été stigmatisée, attaquée, réprimée
et limitée, sont particulièrement enclines à utiliser le cyberespace
pour avoir accès à des exutoires sexuels (. Elles ont ainsi tracé
un parallèle entre Internet et les saunas ou backrooms (Schwartz et
Southern, 2000). Pour les auteurs, le « cyberespace est devenu un
nouveau tea room » où il est possible de rencontrer une multiplicité
de partenaires anonymes associés à des comportements sexuels impersonnels,
avec un investissement minimal. D’après l’étude de Hosperset et al.
(2002) une des règles d’usage des chats gais est de réaliser des rapports
sexuels effectifs avec des personnes rencontrées en-ligne.
Nos
études préliminaires suggèrent, qu’à côté de l’usage ludique des webchats
par les plus jeunes, un usage, plus utilitariste, amène à la réalisation
concrète de rencontres sexuelles dans des univers des dialogue en
« one-to-one », (perçus comme la continuité du Minitel). À ce titre,
depuis quelques mois, les acteurs de prévention furent conduits, par
certains éditeurs, à intervenir sur quelques Chat d’Internet où circulent
des propositions de sexualités à risque.
Une
autre recherche, réalisée à partir d’un échantillon d’hommes célébrant
la fierté gaie à Atlanta, montre que 34% ont rapporté avoir eu des
relations sexuelles avec un homme rencontré sur l’Internet (Benotsch,
Kalichman et Cage, 2002). Ces hommes, comparativement à ceux qui n’avaient
fait aucune rencontre sexuelle à partir d’Internet, ont eu davantage
de partenaires sexuels, davantage de relations anales protégées et
non-protégées, et ont rapporté un plus grand nombre de partenaires
avec lequel ils ont eu du sexe anal non-protégé.
L’étude
de Rhodes, DiClemente, Cecil et al. (2002), auprès d’un groupe d’homosexuels
recrutés dans un bar à Birmingham d’une part, et d’un groupe d’usagers
d’Internet d’autre part, nous apprend que ces derniers avaient vingt-sept
fois plus de chance de rapporter une MST et quatorze fois plus de
chance d’être séropositif.
Au
Québec, les sujets de la cohorte Oméga, qui utilisent Internet, à
des fins de rencontres sexuelles, seraient plus enclins à pratiquer
le sexe anal comme à avoir du sexe anal non-protégé (Otis et al.,
2002).
Bull
et McFarlane (2000) ont aussi montré, à partir d'une étude qualitative
des dialogues sur des sites de discussion, que ce sont, dans les sites
orientés vers la population homosexuelle, que les négociations, entourant
la rencontre de partenaires, étaient les plus nombreuses et relatives
à la sexualité anale. Cette étude conclut que les risques de transmission
de MTS et du VIH/sida pouvaient en être accélérés. Cette hypothèse
semble être confirmée par l'occurrence, à San Francisco, de cas de
syphilis parmi des hommes qui avaient recruté des partenaires sur
un site de discussion (Klausner, Wolf, Fischer-Ponce et al., 2000),
plusieurs étant séropositifs (Nieves, 1999).
Ces
tendances, qui suggèrent la présence de risques de transmission des
MTS et du VIH/sida chez des homosexuels internautes, semblent se confirmer
avec les demandes de « barebacking » (relations sexuelles anales délibérément
non protégées) sur les différents outils d'Internet (listes de courrier,
sites web, sites de discussion et annonces personnelles). Ces demandes
semblent connaître une augmentation spectaculaire (Gauthier et Forsyth,
1999) et s’inscrire, en France, dans la continuité des pratiques de
certains services utilisant le réseau Télétel (Léobon, 2003).
L’analyse de la visibilité
des pratiques bareback, sur des sites français, montre
que le phénomène est peu présent chez les 20-25ans mais domine dans
la classe d'âge 30-40ans. Si, près de 70% des usagers de la pratique
résident en région parisienne, la répartition géographique des internautes
barebackers suit bien le gradient Sud-Nord suivant celui des déclarations
sida mais joue aussi la logique des grandes métropoles.
Si la province semble
plus épargnée, elle est la plus vulnérable versus la prévalence au
VIH/sida. L'expression identitaire de la sexualité bareback sur Internet
semble se valoriser autour de trois pôles amenant à l’usage d’un vocabulaire
spécifique : la recherche de rapport de pénétration
anale non protégée (plus passive qu'active), les échanges ou la récupération
des liquides sexuels (dans des conduites tant orales que anales),
le sexe en groupe (associé à des situations de soumission et d'abandon).
Ces données, issues de résultats publiés dans le cadre de récentes
recherches (Léobon A., Frigault L.R, Levy J., 2003) suggèrent que
le cyberespace constitue, par sa faible régulation, un médium susceptible
de favoriser des pratiques à risques. Nous vérifierons quelle
est l'extension des pratiques engendrées par l'usage d'Internet dans
le contexte québécois, qui semble moins affecté par la culture bareback.
En
conclusion, ces données, issues des recherches sur Internet,
suggèrent que le cyberespace constitue un médium susceptible
de favoriser des pratiques à risques. Néanmoins, il s'agit de
préciser les modulations des risques en fonction des types d’usage,
l’orientation sexuelle et le contexte socioculturel des usagers.
Ainsi,
ces études ne développent que peu les différents profils d’usage
entre des hommes, qui se définissent comme gay et ceux qui affichent
une bisexualité. La dimension ethnique n’est que peu abordée,
dans le contexte de l’homosexualité. Or, comme l'ont montré
les recherches (Lévy, Otis et Medico 2000), les hommes bisexuels
semblent présenter des spécificités au plan communautaire et
des conduites à risques qui demandent à être mieux cernées dans
le contexte des nouvelles technologies d'information.
De plus, afin
de mieux comprendre les usages sociosexuels d'Internet et leurs
répercussions sur la construction des réseaux virtuels et personnels,
il semble important de tenir compte des
caractéristiques des milieux de vie et de socialisation qui
influencent la structuration des institutions orientées vers
les homosexuels et les bisexuels, de même que la taille des
réseaux de rencontre. De ce point de vue, une comparaison des
hommes homosexuels de France et du Québec, pourrait permettre
de mieux saisir la dynamique des usages et des risques mais
aussi mieux orienter les campagnes de prévention et les stratégies
d’intervention.